Droit
européen des marchés publics - un paquet « commande publique » pour un
meilleur rapport qualité-prix et la prise en compte de considérations
environnementales et sociales
Le
nouveau paquet « commande publique », objet d'un accord avec le Conseil
en juin 2013, qui vient d’être voté en séance plénière au Parlement
européen, le 15 janvier 2014, a été négocié pendant deux années, temps
nécessaire à l’élaboration des directives sur les marchés publics (la
première dite « secteurs classiques » ; la seconde dite « secteurs
spéciaux », à savoir l’eau, l’énergie et les transports), et de la
directive concessions.
La
nouvelle réglementation en cours d’adoption au niveau européen sur les
marchés publics et les contrats de concession devrait ainsi permettre
une concurrence équitable et un meilleur rapport qualité/prix pour la
réalisation de travaux, l’acquisition de biens ou la délivrance de
services ou lors de la conclusion de contrats de concession.
On
précisera que la réforme du droit européen par ces directives n’entrera
en vigueur que 20 jours après la publication au Journal officiel de
l'UE, et qu’après cette date, les États membres disposeront encore de 24
mois pour les transposer.
La
stratégie Europe 2020 pour une croissance intelligente, durable et
inclusive [COM(2010) 2020] repose sur trois priorités interdépendantes
et se renforçant mutuellement :
- développer une économie fondée sur la connaissance et l’innovation;
- promouvoir une économie sobre en carbone, économe dans la consommation des ressources et compétitive; et
- encourager une économie à fort taux d’emploi, favorisant la cohésion sociale et territoriale.
Pour
élargir la concurrence, le droit européen des marchés publics et des
concessions doit permettre aux petites et moyennes entreprises de
soumettre plus facilement des offres, notamment en encourageant
l’allotissement, tandis que des dispositions plus strictes en matière de
sous-traitance doivent être adoptées concernant les offres
"anormalement basses", afin d’éviter le dumping social et garantir le
respect du droit du travail.
L'objectif
est de mettre l'accent sur des considérations environnementales et
sociales et sur l'innovation, au travers du recours au critère de «
l'offre économiquement la plus avantageuse » dans la procédure
d'attribution, les autorités publiques pourront mettre davantage
l'accent sur la qualité, les aspects environnementaux, sociaux tout en
tant compte du prix et des coûts du cycle de vie de l'offre.
A
noter également que les députés ont introduit une procédure originale
pour encourager les candidats à proposer des solutions innovantes en
soumissionnant aux marchés, les projets de directives prévoyant des «
partenariats d'innovation » permettant aux autorités d'avoir recours aux
appels d'offre pour résoudre un problème spécifique sans préjuger de la
solution. Les autorités et les entreprises pourraient ensuite négocier
la proposition la plus adéquate.
On
rappellera que la commande publique représente environ 18% du PIB de
l'UE, ce qui constitue un levier économique important pour orienter l’UE
et les Etats membres vers des objectifs sociétaux spécifiques, en tant
qu’instruments de marché les marchés publics jouant ainsi un rôle
essentiel pour atteindre ces objectifs stratégiques.
Pour
faciliter l’accès aux marchés, réduire les formalités administratives
et simplifier les réponses en limitant ainsi l’aspect « bureaucratique »
de la procédure, la proposition d'offre serait simplifiée grâce à un «
document européen unique de marchés publics » contenant des
auto-déclarations et seul le soumissionnaire qui obtient le contrat
devrait fournir les documents originaux.
De
plus, les nouvelles règles encourageraient la division des contrats en
lots, dans le but d'améliorer l'accès aux marchés publics pour les
petites et moyennes entreprises.
La
nouvelle législation européenne va en outre définir des normes communes
sur les contrats de concession, ceux-ci étant jusqu’à présent
essentiellement encadrés par les principes du Traité. La directive
concessions doit ainsi fournir un cadre flexible pour les partenariats
entre secteurs public et privé de nature à stimuler les investissements
indispensables dans les infrastructures et les services.
Sur
ce point, l'accord sur les contrats de concession souligne en effet
qu'il appartient aux États membres de décider ou non de
l'externalisation de travaux ou services publics. La directive en
matière de concession ne requiert pas de privatisation d'entreprises
publiques fournissant des services au public.
Le
secteur de l'eau est exclu du champ d'application de la directive sur
les concessions, compte tenu de l'importance spécifique de l'eau comme
bien public.
Adrien FOURMON
vendredi 17 janvier 2014
Un paquet « commande publique » pour un meilleur rapport qualité-prix
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