Promotion de la petite hydroélectricité sur le territoire national
La loi sur la transition
énergétique du 17 août 2015 a prévu de porter à 32% la part des énergies
renouvelables dans la consommation d’énergie à l’échéance de 2030. Pour
atteindre cet objectif, le gouvernement a décidé de mobiliser le potentiel des
filières considérées aujourd’hui comme matures. En clôture de la quatrième
conférence environnementale le 26 avril 2016, la ministre de l’environnement a annoncé
le lancement d’un appel d’offres portant sur le développement de la micro et de
la petite hydroélectricité, réalisé selon la procédure des articles R. 311-12 à
R. 311-25 du code de l’énergie.
L’hydroélectricité permet de
produire 12% de notre électricité, elle est la première source d’énergie
renouvelable sur le territoire national. Toutefois, son développement est
aujourd’hui limité, notamment en raison de réglementations européennes qui
conditionnent l’exploitation des cours d’eau dans un souci de protection de la
biodiversité. Le développement de l’hydroélectricité est par ailleurs en retard
par rapport aux objectifs définis par la programmation pluriannuelle des
investissements de production d’électricité de 2009, qui visait une production
supplémentaire de 3 TWh en 2020.
Les petites installations hydroélectriques
se relèvent être une voie prometteuse pour développer le parc de production
renouvelable français tout en respectant l’habitat naturel, favoriser l’hydroélectricité
et soutenir la filière industrielle.
L’appel d’offres vise la réalisation
et l’exploitation d’installations nouvelles qui ne sont pas soumises au régime
des concessions hydrauliques en application de l’article L. 511-5 du Code de
l’énergie, ni incluses dans le périmètre d’une concession hydraulique
existante. Autre exclusion prévue par le ministère, les cours d’eau en très bon
état écologique afin que l’initiative de l’exécutif ne se heurte pas à la
réglementation de l’Union européenne et à la continuité écologique recherchée.
L'objectif vise à développer près de 60 MW de nouvelles capacités.
Suivant le cahier des charges dont
le projet avait été mis en consultation en novembre dernier (cf. Cahier des
charges de l’appel d’offres portant sur la réalisation et l’exploitation
d’installations hydroélectriques -Développement de la micro- et de la petite
hydroélectricité - Avril 2016), l’appel d’offre se compose de trois lots :
-
Lot 1 : installations implantées sur de nouveaux
sites, de puissance strictement supérieure à 500 kW - 25 MW de puissance
cumulée ;
-
Lot 2 : installations équipant des seuils
existants - 30 MW de puissance cumulée :
• sous-lot 2a : installations
équipant des seuils existants, de puissance strictement supérieure à 500 kW,
ayant un usage principal préexistant de navigation, d’irrigation ou
d’alimentation en eau potable (AEP) – 15 MW de puissance cumulée ;
• sous-lot 2b : installations
équipant des seuils existants, de puissance strictement supérieure à 500 kW,
sans usage préexistant – 10 MW de puissance cumulée ;
• sous-lot 2c : installations
équipant des seuils existants, de puissance supérieure ou égale à 150 kW et
inférieure ou égale à 500 kW – 5 MW de puissance cumulée ;
-
Lot 3 : installations équipant des seuils
existants, de puissance supérieure ou égale à 36 kW et strictement inférieure à
150 kW - 50 projets.
Seules les installations situées
en France métropolitaine continentale peuvent concourir à cet appel d’offres,
excepté pour le sous-lot 2c et le lot 3, pour lesquels les installations
situées en Corse peuvent également concourir.
Les caractéristiques précises de
chaque lot sont détaillées dans la section 4 du cahier des charges.
Le cahier des charges prévoit
(§4.5. - Respect de l’environnement) que le candidat doit veiller à ce que son
installation soit conçue, construite et exploitée de manière à minimiser les
impacts sur l'environnement (espèces, milieux physiques, paysages) et sur les
usages associés à l'eau et aux milieux aquatiques. "Il s'engage également à ce que les mesures d'évitement, de réduction et
de compensation des impacts soient mises en œuvre (moyens techniques et
financiers) et fassent l'objet d'un suivi".
A noter également s’agissant des
mesures de compensation à mettre en œuvre, le cahier des charges prévoit que le
porteur de projet y procède directement mais qu'il peut aussi participer à des
travaux de restauration portés par un tiers, voire faire appel à un dispositif
de réserves d'actifs naturels de compensation "si de tels actifs existent
au moment de l'instruction des dossiers d'autorisation des projets". En
tout état de cause, la compensation devra respecter les principes d'équivalence
de milieu et de gain écologique, de proximité spatiale et de suivi par le
porteur de projet.
Toute personne physique ou morale
désirant construire et exploiter une unité de production pourra candidater à
ces futurs appels d’offres, en suivant la procédure prévue au cahier des
charges. En application des articles L. 2224-32 et L. 2224-33 du Code général des
collectivités territoriales, les communes et les établissements publics de
coopération peuvent eux aussi contribuer à la promotion de la petite
hydroélectricité.
Les candidats doivent envoyer
leur offre avant le 2 décembre 2016 à 14h.
Les lauréats de l'appel d'offre
bénéficieront d'un contrat de complément de rémunération, ou d'un contrat d'achat
de leur production pour les installations de plus faible puissance.
Le gouvernement désireux
d’encadrer et de promouvoir l’énergie issue de la puissance de l’eau vient en
parallèle d’adopter une Ordonnance le 28 avril 2016 (Ord. n° 2016-518, 28 avr.
2016 : JO, 29 avr.) réformant le régime des concessions hydroélectriques. Elle
vise notamment le renforcement des sanctions pénales et administratives
comblant le vide relatif à certaines atteintes au domaine public
hydroélectrique. Par exemple, les ministres chargés de l’énergie et de
l’économie disposent à présent d’un pouvoir d’enquête. Ce texte vise aussi à
sécuriser les anciennes installations concédées dans le but de garantir le
maintien de la production d'énergie renouvelable issue de l’hydroélectricité.
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